Monographie des villages sénoufo Tagba

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I - Création et situation géographique du village
II- L'organisation politique du village
III - L'organisation sociale du village
IV - L'organisation religieuse du village
V - Le développement du village


MONOGRAPHIE 2006 / 2007

Village de : MAHON



Sous la direction de :

Abbé Matthieu Sebou TRAORE
Zanga Lassina Nestor TRAORE


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A - Les closes de l'enquête

Objectifs : conserver l'histoire de nos villages
Moyens : enquêtes et transcription pour fixer la mémoire
Perspective : faire découvrir cette histoire à nos enfants et faire connaître nos villages aux autres qui pourraient intervenir dans le domaine du développement.

NB : Nous souhaitons mettre tout le monde à contribution pour la fixation de cette mémoire. Le présent travail qui est un premier jet, comporte certainement des insuffisances qui, avec l'aide de tous, pourront être comblées. Il sera rendu disponible pour tous et sera utilisé dans les milieux scolaires et académiques. Merci de votre participation.


B - Identification de l'enquête.

Village de : MAHON

Commune de : KANGALA

Province : KENEDOUGOU

Noms des enquêteurs : TRAORE BAKARY et TRAORE ABDOULAYE

La fin de l'enquête : LE 26 FEVRIER 2007.

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I - Création et situation géographique du village

A - Nom et situation géographique


1 - Le nom du village

Le nom du village sur la carte administrative est Mahon et ses habitants appelés Mahonlais en français. En dioula, le village est également appelé Mahon et ses habitants Mahonkaw ; mais il existe un autre nom toujours en sénoufo moins fréquemment utilisé et qui est Wouyémara ou Mma. Le nom du village couramment employé est Mahon. En sénoufo le village est appelé Wouyémanga ou Mma qui signifie l'union et la solidarité au sens figuré du mot. Wouyémara et Mma proviennent de la transformation de Wouyémanga et les habitants Mambi.

2 - Situation géographique du village

Le village de Mahon est situé dans la province du Kénédougou dans l'ouest du Burkina Faso. Il relève de la commune rurale de Kangala dont il est distant de 09 kilomètres. Le village comprend 16 grands quartiers qui sont :
Koulfé kapan : chef coutumier,
Poumi kapan : ressortissants de Niampédougou,
Karfa kapan : famille des chefs du village,
Toutounon kapan : famille des forgerons,
Blevaa kapan : quartier des ex-esclaves,
Lougba kapan : ressortissants de Lougba


B- Les récits de fondation et les événements du village

1 - Quelques récits recueillis

Version de COULIBALY Nablé Zanga Grégoire :
Chef de terre des Coulibaly.

Le village de Mahon a été fondé par Natinzanga COULIBALY, un des frères de Biton COULIBALY qui était un roi.
Natinzanga COULIBALY était un chasseur et est venu faire la chasse en ayant pour tuteur un de la famille OUATTARA du village de Samorogouan.
La zone de l'actuel village de Mahon engorgeait de gibiers avec une forêt dense. Du fait que la zone avait intéressé Natinzanga COULIBALY, il a fait introduire dans le trou d'un arbre un coussinet en herbe. En dessous de ce coussinet il plaça un œuf. Ce qui était un signe d'occupation ou de reconnaissance des lieux. Natinzanga COULIBALY est parti dire à son tuteur qu'il avait vu une zone qui l'avait beaucoup intéressé et qu'il aimerait y s'installer. Son tuteur ne lui répondit pas.
Un autre jour, Natinzanga COULIBALY dit encore à son tuteur : Comme je te l'avais dit, je veux partir pour construire ma hutte. C'est ainsi que le Monsieur de la famille OUATTARA, son tuteur, lui fait savoir qu'il aimerait aussi fonder un village. Il se trouvait que le Monsieur de la famille OUATTARA, son tuteur, avait pris les renseignements avec Natinzanga COULIBALY sur la zone et sur son signe d'occupation. Natinzanga COULIBALY lui avait dit qu'il avait introduit un coussinet en herbe dans le trou d'un arbre sans lui parler de l'oeuf qu'il avait placé sous ledit coussinet.
Le Monsieur de la famille OUATTARA est allé jouer un tour en introduisant un autre coussinet en herbe dans le même trou de l'arbre en inversant l'ordre des coussinets ; tout cela, pour signifier qu'il était le premier occupant des lieux. Le jour du départ de Natinzanga COULIBALY pour la construction de sa hutte, le Monsieur de la famille OUATTARA lui dit qu'il avait aussi découvert une zone qui se trouvait vers celle de Natinzanga COULIBALY. Ils ont cheminé ensemble pour s'indiquer les lieux.
Arrivés au lieu, appelé toujours Téguénè, Natinzanga COULIBALY dit à OUATTARA : Voici le lieu dont je t'avais parlé. Monsieur OUATTARA lui répondit qu'il s'agissait du même lieu aussi. Natinzanga COULIBALY ria et demanda à Monsieur OUATTARA son signe d'occupation. Celui-ci répliqua qu'il avait aussi mis un coussinet en herbe dans le trou d'un arbre. Natinzanga COULIBALY lui demanda s'il reconnaissait l'arbre dans lequel il avait mis son coussinet. Monsieur OUATTARA indiqua l'arbre qui était le même arbre que celui de Natinzanga COULIBALY.
Natinzanga COULIBALY lui dit de mettre sa main et d'enlever le premier coussinet qui est considéré comme celui de Natinzanga COULIBALY.
Monsieur OUATTARA dit à Natinzanga COULIBALY : Voilà, je t'avais dit que j'étais le premier à découvrir le lieu en enlevant son rouleau qui se trouvait au font.
C'est là que Natinzanga demanda à Monsieur OUATTARA s'il n'avait rien mis d'autre. Celui-ci lui répondit négativement. Natinzanga demanda à Monsieur OUATTARA de remettre encore sa main dans le trou de l'arbre et de voir le font. Monsieur OUATTARA en introduisant sa main dans le trou de l'arbre, ressort avec un œuf. Natinzanga lui demanda encore s'il avait mis un œuf dans le trou. C'est en ce moment que Monsieur OUATTARA déclara qu'il avait voulu jouer un tour et que sa ruse a échoué et qu'en réalité, il n'avait pas introduit d'œuf dans le trou de l'arbre. Il déclara qu'il avait inversé l'ordre des coussinets afin d'être le premier occupant des lieux.
Natinzanga COULIBALY demanda à Monsieur OUATTARA si le lieu lui plaisait réellement. Natinzanga COULIBALY déclara qu'ils peuvent rester ensemble pour mieux vivre car l'espace est grand. Mais qu'ils allaient se partager la zone en EST et OUEST. En tant que tuteur, tu choisis une des deux directions. Monsieur OUATTARA préféra le côté EST.
Natinzanga COULIBALY demanda qu'ils se fixent des règles afin d'éviter de futurs conflits.
Nous avons pour limite la rigole qui divise le village de Mahon en deux pôles.
Cette rigole s'étend du sud au nord de Mahon en passant par le pont de la route (Goudron), au niveau du marché actuel. Cette rigole continue du goudron jusqu'au cours d'eau nommé " Loussogo " au nord, du goudron au sud en passant par les forges jusque derrière l'antenne pour croiser la route actuel du village de Kangala.
L'occupant de l'est ne peut traverser la rigole pour faire un champ de l'autre côté ainsi que faire une habitation. Cela est valable pour celui de l'Ouest. Leurs progénitures sont tenues de respecter toutes ces clauses. Ils ne doivent pas courtiser les mêmes femmes.
Celui qui viole l'une de ces règles, c'est la terre qui doit dire son dernier mot. C'est-à-dire que ce dernier doit mourir.
Maintenant qu'ils sont installés, ils ont décidé de donner un nom au village qui est wouyémara. La première vraie appellation est Wouyémanga du fait que les coussinets s'étaient superposés dans le trou de l'arbre. Cela signifie " portons-nous au dos " devenu par transformation Mahon.
Le village de Mahon a donc deux chefs de terre : celui de la famille COULIBALY et celui de la famille OUATTARA.
Après la guerre, le village de Mahon fut refondé par Monsieur Ngoulo de Tianlé qui était appelé Tianlé N'Goulo COULIBALY. Au retour de Tianlé N'Goulo COULIBALY qui était esclave en pays Mianka, il fait appel à Navanga qui était réfugié à Bama. Ainsi Tianlé N'Goulo COULIBALY devient le premier chef de la refondation du village.
La famille " Karfa " du village de Mahon est venue de Dokanha village de Doho à 10 Km de Korogo (RCI). Les habitants de cette famille étaient de passage à Mahon et se sont reposés à l'actuel emplacement de l'école primaire sous un grand Karité. La famille OUATTARA leur avait donné à boire. Le grand frère du nom de Gbati était déjà parti dans le village de Ouolokoto avec son équipe à la recherche de terres cultivables. L'équipe du petit frère du nom de Watchèrè le poursuivait dans cette optique.
Les chefs de terre du village de Mahon se sont réunis et leur ont donné de la terre cultivable afin que le village soit grand pour qu'ils puissent se défendre. Sous le grand Karité, ils y sont resté pendant (03) trois mois en saison sèche. C'est ainsi qu'un jour, le fils de Watchèrè, à la recherche de bois de chauffe pour son père, a été fait esclave par les habitants du village de Boukékanha. Ce fils a été fait esclave, serviteur de la femme du chef de Boukékanha. Cette dernière va aider l'enfant à repartir car l'enfant lui était très obéissant. Elle est partie mouiller la poudre à feu et a libéré l'enfant qui a emporté leurs flèches.
Au retour, ce dernier lança un cri de victoire à l'entrée du village. Les gens de Boukékanha vont se préparer pour attaquer les <<Karfa>>. Ils ont été repoussés jusque chez eux. A l'enterrement d'un mort, les <<Karfa>> qui sont de vaillants guerriers, vont piéger les habitants de Boukékanha. Ces derniers seront massacrés et faits esclaves de la famille OUATTARA. La zone de terre cultivable qui avait été attribuée aux <<Karfa>> est appelée Kologué. Depuis ce temps, les chefs de terre ont décidé de confier la responsabilité de chef du village aux <<Karfa>>.
Le mot <<KARFA>> en Sénoufo signifie confier.
La famille des <<Karfa>> s'est agrandie avec l'arrivée de certaines familles telles que : Benapon, Bradja, Sokourani Nagna.
D'autres familles sont également venues avec des origines diverses telles que :
- Les Koudjou qui sont aux côtés des Karfa pour les commissions et la médiation.
- La famille Blouvaa ou Boulourafa qui signifie l'esclavage est terminé.
- la famille de Nafali venue du village de Lougha qui a leur frère dans le village de Kangala.
- La famille de Naviin Tchiaga venue du village de Neba en république du Mali.
-La famille de Lougbabi venue du village de Lougba.
- La famille de Kadibi, venue du village de Kadégué en république du Mali.
Un village du nom de Djipèrè existait à l'ouest du village de Mahon qui a quitté finalement pour fonder le village de Koloko.

2 - Les grands évènements de L'histoire du village.

Version de COULIBALY Nablé Zanga Grégoire :
Après la fondation du village sont venus les <<Karfa>> qui semblaient avoir pour parents les fondateurs du village de Koloko. Suite à une discorde entre frères, ceux du village de Koloko ont fait appel au roi Babemba qui a détruit le village de Mahon et en a fait des esclavages. Cette guerre a beaucoup eu raison sur la famille COULIBALY qui a fait plus de victimes.
Avant la fondation du village de Mahon, il y avait un village du nom de Boukékanha réputé en guerre. Les habitants de ce village attaquaient les Mahonlais chaque fois qu'ils partaient enterrer leurs morts et en faisaient des esclaves qu'ils vendaient.
En décembre 1985, Mahon fut le champ de bataille de la guerre (dite guerre de Noël) qui avait opposée le Mali au Burkina Faso.

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II- L'organisation politique du village

A- La chefferie traditionnelle

1 - Les différentes chefferies traditionnelles

Dans le village de Mahon, il existe trois sortes de chefferies traditionnelles :
- Koulfébi ; qui s'occupent des adorations, les chefs actuels sont Coulibaly Nablé à Koulfé kapan et Ouattara Naton à Poumi kapan
- Ntaarfebi ; qui s'occupent de la gestion des terres, les chefs actuels sont Coulibaly Nablé à Koulfé kapan et Ouattara Naton à Poumi kapan
- Kanhafolo ; qui s'occupe de l'administration du village. Le chef actuel est Traoré Gnanou.

2 - La généalogie des différents chefs

- Natinzanga est le premier ancêtre des Coulibaly. Il y a beaucoup de chefs entre ce premier et Tianlé N'goulo dont on ignore les noms. Natinzanga signifie que Zanga est fils de Natin.

Voici par ordre descendant la liste des chefs de koulfolo et Ntaarfolo des Coulibaly selon Coullibaly Nablé, actuel chef.
Tianlé N'goulo, Navanga, Samba Dramane et l'actuel Nablé Zanga Grégoire.
- Ngoudougban est l'ancêtre des Ouattara. On ignore les chefs qui sont passés entre Ngoudougban et Kouliya.
Voici par ordre descendant la liste des chefs de koulfolo et Ntaarfolo des Ouattara Kouliya, Sanhannaha, Toutoun, Nakoun et l'actuel qui est Naton.

- Voici par ordre descendant la liste des chefs Karfa.
Traoré Navognon, Traoré Zimani, Traoré Tini, Traoré Ngoulo, Traoré Yayégué, Traoré Famahan, Traoré Toumoussoro, Traoré Baba et Traoré Gnanou.
Traoré Ngoulo et Coulibaly Navangan ont particulièrement marqué le village pour leur franchise, leur honnêteté et leur témérité.

3 - Succession et interdits

La succession à la chefferie traditionnelle se fait dans le patrilignage. Succède au chef, l'homme le plus âgé dans la grande famille paternelle de l'ancien chef. On est chef à vie ; alors la succession n'a lieu que si le chef est mort. Une femme ne peut pas accéder à ce poste.
Le chef n'est pas autorisé à s'absenter pour longtemps dans le village.


B- La chefferie administrative

1 - Les sortes de chefferies administratives

Trois sortes de chefferies administratives se sont succédées dans ce village : il y a d'abord eu le représentant du chef de canton dont le dernier fut Ouattara Pascal résident au quartier Bolomakoté (disparu) puis le délégué administratif établi sous la révolution du nom de Traoré Gnanou et enfin les conseillers avec l'avènement de la communalisation intégrale du territoire du pays. Les actuels conseillers du village sont : Traoré Mpédè Adèle et Traoré Adama décédé.

2 - Les rapports entre les deux chefferies

Les rapports entre la chefferie traditionnelle et la chefferie administrative ont été rarement conflictuels ; la chefferie traditionnelle assure l'exécution des coutumes et traditions tandis que la chefferie administrative veille à la relation avec l'Etat. Quelquefois, ces deux chefferies sont assurées par la même personne tel que dans le cas du délégué et chef du village.

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III - L'organisation sociale du village

A - La population

1 - Statistiques

Selon le recensement administratif de 2004, le village de Mahon compte 1394 habitants.

2 - Familles, ethnies et origines

Le village de Mahon compte quatre ethnies: les sénoufo (la principale), Samogo, Dafing et Dioula.
Les familles qu'on trouve à Mahon sont les suivantes :

Kayignagala : quartier de la terreur
Gnangguéla : quartier de la colline
Sokourani : Nouveau quartier
Sikozi : quartier lointain
Diawale : ex-quartier des peulhs
Farakan : quartier sur la pierre,
Bougouri : campus du colon,
Foole kapan : famille de foolô
Benapon kapan : famille de Benapon
Mbèkougola : la rive de MBè,
Kadi kapan, ex-Bolomakoté : ressortissant de kadégué
Fii kapan : famille de fiiye ,
toridougou : quartier des crapauds
Nafali kapan : famille de Nafali
Koli kapan : famille de Koli
Bradia kapan : famille de Bradia
Gbogo Bê kapan : famille de Gbogo Bê

3 - Nom de famille et totems

Il y a cinq noms de famille dans le village : TRAORE, COULIBALY, OUATTARA, KONATE et DISSA
Les porteurs de ces noms ne sont pas tous originaires du village, et la famille de Traoré Nafaly est originaire de Kangala ; mais les ancêtres auraient passé un bon temps à Lougba avant de s'installer définitivement à Mahon.
La famille de Lougbabi est originaire de Lougba,
La famille des Karfa est venue de Dokanha,
La famille des Dissa est originaire de Bama,
La famille de Gbogo Bê est originaire de Boukékanha.
La Famille COULIBALY a pour totems la tortue et le lièvre.
La famille TRAORE a pour totems la panthère et le chat.
La famille OUATTARA a pour totem le chien

B - Les castes et associations

1 - Les forgerons

Il y a des forgerons dans le village de Mahon. Ils portent les noms de famille TRAORE et KONATE. Ils travaillent le fer et les femmes faisaient la vannerie. De nos jours les femmes font le ménage, les hommes cultivent et quelques uns fabriquent les outils de culture. Ils sont donc plus cultivateurs que forgerons.
Les forgerons font des cérémonies à l'enclume. L'enclume est symbolisée par une barre de fer fixée sur un tronc d'arbre. Ce tronc d'arbre est implanté dans le sol. Des sacrifices sont faits à l'enclume qui est considérée comme un fétiche. Les gens, même non forgerons peuvent aller se confier à l'enclume, faisant des vœux qui nécessitent des sacrifices. Seuls les forgerons peuvent manger la viande des sacrifices à l'enclume. La musique des forgerons de Mahon est le Tountougbounè qui est joué au décès d'un vieux forgeron ou aux funérailles du village.
Le cadavre d'un forgeron de Mahon ne se porte pas sur brancard en bambou. Le mort se porte dans les mains à Mahon. Les forgerons ont leur cimetière à part.
Les forgerons peuvent se marier avec des non forgerons sauf avec les peuhls, les griots et les bolons.

2 - Les griots

Il n'y a pas de griots dans le village de Mahon.

3 - Les bouffons

Il y a des bouffons dans le village. Traoré Seydou est le chef des bouffons de Mahon. Le 2ème homme est Traoré Lona. Il y a plus de femmes bouffonnes que d'hommes. Les bouffons peuvent provenir de toutes les familles et on le devient suite à une maladie et par divination. Ils ne sont pas organisés en association ; les instruments de musique sont le kanè et la flûte. Le premier bouffon fut Traoré Nakoulo. Voici un résumé de la version de Traoré Seydou chef bouffon résident à Poumi kapan.

Bouffon TRAORE Seydou Mahon

On devient bouffon suite à une maladie ou par une suite de Malheur. On devine et on découvre qu'il faut que tu sois bouffon afin de retrouver la paix. Soit suite à un accouchement difficile, si on confie cela au fétiche des bouffons, l'enfant est systématiquement bouffon et il faut vite faire ses cérémonies d'initiation. Le premier bouffon de Mahon dont on m'a parlé est TRAORE Nakoulo.
Dans un village, il faut au moins 7 (sept) bouffons qui ont fait leurs cérémonies d'initiation afin de pouvoir constituer une association.
Si tu frappes ta femme qui est bouffonne, tous les bouffons se réunissent chez toi pour être frappés. Si tu retires la femme d'un bouffon, tous les autres bouffons du village se réunissent chez toi.
Tout bouffon passé par les cérémonies d'initiation, ne doit pas :
- faire la bagarre
- faire de trahison
- faire l'adultère
- voler
Par ailleurs, tout bouffon doit aimer tout le monde.
TRAORE Yadourgo à Sifarasso est mon maître ; mon nom d'initiation est " Sibogotoulo " qu'il m'a donné.
Comme instruments de musique, j'ai le kané, Djimbé et la flûte.
Le bouffon a pour rôle de faire rire le peuple et de faire la médiation entre des gens en conflit.
Le totem des bouffons est qu'ils ne s'enterrent pas entre eux ; notre fétiche est " kafala "
Si tu faillis à l'une des recommandations du fétiche tu meurs.

On peut reconnaître les bouffons par :
Les boucles d'oreille pour les hommes
La flûte
Le collier de graine de goussogo
La manière de parler
Pour enregistrer notre voix, notre fétiche demande un cola pour que l'ambiance se termine en beauté. A défaut de cela on donne de l'argent qui est présenté au fétiche comme frais de cola.
Les bouffons qui ont marqué le village depuis sa fondation sont :
Traoré Nougounaa à Gnaguéla,
Traoré Nakoulo à Gnaguéla,
Traoré Seydou à Poumi kapan l'actuel.

4 - Les devins et guérisseurs

Il y a des devins et des guérisseurs hommes et femmes dans le village de Mahon qui sont :

- les devins
Traoré Lalaha au quartier Lougba kapan
Tchiblé Traoré dans la famille Tafèriyè
Traore Minata qui est la fille de Tchiblé

- les guérisseurs
Traoré Sériba à Gnaguéla
Traoré Yacouba au quartier Nafali est guérisseur des morsures de serpent

Il y a trois sortes de divinations ; par les cauris, koroxo et la cuisse.
Ce savoir se transmet par initiation et par apprentissage.

La divination : selon TRAORE Lalaha à Mahon
Type : divination par tapage de la cuisse.
La divination n'est pas un acte volontaire. Elle s'acquiert suite à un mal que les génies de l'eau t'infligent. Par divination on découvre qu'il te faut faire la divination. C'est ainsi qu'on t'initie et c'est un ancien qui t'apprend à deviner. C'est également dans la divination qu'on découvre le type de divination que les génies voudront que tu fasses.
Dans la divination par tapage de la cuisse, la main tape la cuisse de l'individu lorsqu'on dit une vérité. Ce type de divination à des totems tels que :
On n'entre pas avec des chaussures dans la maisonnette de divination.
On ne retire pas sa main de celle du divin.
En cas de manquement à ces règles, il faut un coq qu'on égorge dans la maisonnette de divination.

5 - Les chasseurs

Il y a une organisation de chasseurs dans ce village. Le chef se nommait Traoré Adama qui est décédé. Cette enquête a lieu au moment où devait se faire ses funérailles. Le remplaçant n'était pas encore intronisé puisque les funérailles du successeur n'étaient pas encore faites. Au cours de ces funérailles, les chasseurs n'ont pas pu faire une cérémonie de danse du fait qu'il n'y a pas eu de danse pour celui qui est décédé avant le dernier défunt. Les chasseurs ont des cérémonies propres ; les instruments de musique utilisés sont le Goni, Kanè et quelque fois le balafon de chasseurs. On adhère à la confrérie avec 2 coqs, 12 colas et 2 balles de fusil. Les chasseurs ne mangent pas un aliment remis au travers de la porte; on ne courtise pas la femme de son co-adhérant ; l'impolitesse est interdite entre membres. Le fétiche des chasseurs se nomme " le Kondoro " d'origine du village de Dakoro. Une femme ne peut adhérer à la confrérie. Les chasseurs peuvent tuer tout gibier


6 - Les associations de culture

Il y a des associations de culture dans le village, tant au niveau des femmes que des hommes.
Chez les hommes on peut citer comme associations :
Faadiaya
On les trouve dans les quartiers et familles suivantes :
Kolo kapan qui a pour responsable Traoré Sibiri
Foolo kapan qui a pour responsable Coulibaly Daouda
Tiansiké kapan qui a pour responsable Traoré Soungalo
Zi kapan qui a pour responsable Traoré Siaka
Poumi kapan qui a pour responsable Traoré Seydou
Bradia kapan qui a pour responsable Traoré Oumar
Lougba kapan qui a pour responsable Traoré Tiéba Ibrahim
Toutounon kapan qui a pour responsable Konaté Fatogoma
Koulfébi qui a pour responsable Coulibaly Diakalia.

Toofayè
Toutounon Toyè ; Lougba kapan toyè ; Poumi kapan toyè ; Bradia kapan toyè ; Foolo kapan toyè ; Gnangue Simbi toyè ; Koulfé kapan toyè ; Koundou kapan simbi Gnanè qui a pour responsable Coulibaly Fousséni ; Tiansiké kapan toyè et l'Association des élèves et étudiants de Mahon crée en 1991. Le président est renouvelé chaque année et l'actuel est Traoré Siaka.
Ce sont des associations qui visent à cultiver pour approvisionner les caisses communes qui servent à financer de petites réalisations au profit des groupes et parfois même du village.

Le GPC de Poumi kapan a produit :
- 23 tonnes pendant la campagne agricole 2003 - 2004,
- 42 tonnes en 2004 - 2005
- 34 tonnes en 2005 - 2006.
Le GPC Wouyélo : 2005 - 2006 avec 16 tonnes.


Chez les femmes, on peut citer les associations suivantes :

Nom de l’association

Présidente et Secrétaire

Activités et objectifs

quartier

Ayant agrément ou arrêté

Nafalekaleban

Traoré Siata

Dissa Florence

Culture, paie vêtement, commerce, moulin

Napilé kapan

20/ 10/2006

Wouyémara 1

Traoré Tiantio

Traoré Kamaha

 Culture, épargne

Poumi kapan

Néant

Pi li mi wou yaha

Traoré Kamaha

Traoré Bintou Tanhamoutien

Culture, vêtements pour adoration du fétiche Komon

 Toutounon kapan

Néant

Zapiya

Traoré Tiotio

Traoré Djidé

Culture

Poumi kapan

Oui

Benkéléma

Traoré Lolô

Traoré Tenin

Culture, commerce

Benapon kapan

Oui

Benkadi farakan

Coulibaly Férémin,

Traoré Mariam

Culture, paie des intrants pour la saison prochaine

Farakan

15/4/2006

Wougnon wouyéla

Traoré Gnènètio, Traoré Lohotio

Culture, vêtements, adoration de fétiche kooklé, commerce

Poumikapan

Oui

Wouyémara 2

Traoré Zatio

Traoré Gnénéba

Culture, vêtements pour adoration de fétiche kafougouna

Poumi kapan

Néant

Benkadi

Konaté Djénéba

Traoré Warba

Culture

Tablé kapan

Néant

Koulfétio

Traoré Koutiènnè, Traoré Djénéba

Culture, moulin, petits crédits

Koulfé kapan

Oui

Tiansiké kapan

Traoré Bougo

Traoré Toutounitio Cecile

Culture, vêtements, paiement d’intrants

Tiansiké

Oui

Kidikou

Traoré Gnadjogo

Traoré Kadia

Culture, vêtements, commerce, élevage

Massa kapan

Néant


C. Musique et loisirs

1 - La musique

Dans le village de Mahon, il y a quatre sortes de musique traditionnelle qui sont :
- Balafon qui se joue à l'occasion de fête, funérailles et adoration.
- Tipigui qui se joue à l'occasion de loisirs
- Sitiagui qui se joue à l'occasion de fête, funérailles, adoration, mariage.
- Tountougbounè qui se joue aux funérailles et adorations

Il existe trois groupes de balafon :
Le groupe de Traoré Drissa au quartier Kolo kapan
Le groupe de Coulibaly Lassina à Koulfé kapan
Le groupe de Traoré Siaka dit " Tassouma " au quartier Gnanguéla
Le premier balafonniste est venu de Bama ; le premier grand joueur fut Traoré Diagwa et l'actuel est Traoré Drissa.

2 - Les loisirs

A part la danse aux instruments de musique cités, le village de Mahon ne connaît pas d'autres loisirs.

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IV - L'organisation religieuse du village

A- Les religions nouvelles

1 - La religion chrétienne

Il y a une religion chrétienne dans le village. Elle est catholique. Il y a un lieu de culte qui est une chapelle. Le premier chrétien fut Traoré Daba Martin à Kolo kapan et le Père Martin fut le premier missionnaire venu dans le village. La succession des responsables catholiques de Mahon est la suivantes: Traoré Barthélemy Tokoro, Traoré Nagoudo François, Dissa Ngolo Gabriel et l'actuel qui est Ouattara Léonard.

2 - La religion musulmane

Il y a la religion musulmane dans le village ; elle est sunnite. Il y a une mosquée implantée à Bougouri et le premier musulman fut Ouédraogo Soulymane au quartier koulfé kapan. Le premier imam fut Ouédraogo Souleymane, mort en 1979 et Traoré Bà de 1971 à nos jours.

3 - Autres religions nouvelles

A part l'islam et le catholicisme, il n'y a plus de religion nouvelle dans le village.


B- La religion traditionnelle

1 - Les fétiches

La religion traditionnelle qui est la première dans le village se pratique dans la relation de l'homme aux fétiches et au sacré. L'expression de cette religion s'observe dans les sacrifices et la pratique des coutumes et traditions.
La pratique d'adoration à lieu pendant la saison sèche.
Dans le village de Mahon, il existe deux sortes de fétiches; les muets et les parlants.
Les muets sont :
- Kooklè à Poumi kapan. Son adoration a lieu le 42ème jours après les funérailles de Mahon, un jour de jeudi kibé. L'instrument de musique utilisé est le balafon.
- Sowoula à Kolo kapan ; son adoration a lieu une semaine après l'adoration de Kooklè. Elle a toujours lieu un vendredi ou Poro. L'instrument de musique utilisé est le balafon.
- Wotchoonè qui a été obtenu en octobre 2000 de Sindo. Avec ce fétiche on peut se procurer une eau qui permet d'éloigner les serpents des domiciles.
- kafouguunaa à Poumi kapan.

Les parlants sont :
Komon qui s'adore en début de la saison des pluies. Pour cette année 2007 l'adoration a lieu le mercredi kapéré 25 avril.
Warayè à Bolomakoté s'adore en début de saison des pluies. L'adoration faite en 2007 a lieu le vendredi karù, le 06 avril.
Les femmes ne peuvent pas voir le komon. Il nous est interdit de savoir le pourquoi. Ces propos sont de Nampé Konaté âgé de plus de 75 ans.
Des sacrifices sont faits à chaque fétiche cité. Pas de plats obligatoires.
Le cola est utilisé à tout moment.

2 - Les animaux et lieux sacrés

Dans le village il y a un bouc comme animal sacré. Il y a aussi des lieux sacrés tels que : Blesoungo, loupéfa, lohosimbi, lousogo.


C - Les fêtes et cérémonies traditionnelles

Les funérailles

Après l'enterrement, des rites doivent être faits pour assurer le départ définitif du défunt vers le monde des ancêtres. Ces rites se font à une cérémonie annuellement appelée en sénoufo " yagbaga " organisée par le village. Cette date est fixée par réunion des vieux des grandes familles. C'est au cours de cette cérémonie qu'on accomplit les rites de départ de tous les défunts de l'année. Dès que la date est fixée et proclamée, toute personne qui meurt doit attendre l'année suivante pour voir ses rites faits, car on ne doit pas connaître la date de ses funérailles.

Funérailles de Mahon
Les funérailles de Mahon commencent toujours un jour de jeudi kibé. En cette année 2007, elles ont commencé le jeudi 8 février et se sont déroulées de la manière suivante :
Le jeudi (Kibé) matin du 08 Février, Les Ouattara ont fait leur cérémonie de versement d'eau (Louwoudé en senoufo).
Le vendredi (suun) 09 Février à 4 heures du matin, les grandes familles des Karfa et des koudjou font leur cérémonie de versement d'eau (louwoudé)
Après avoir versé l'eau, le balafon et le Djinigué les accompagnent jusqu'au lieu où il y a un fétiche appelé Gnoutchale, dans la famille des Koudjou.
Les poules égorgées au lieu du versement de l'eau sont transportées dans cette maison du fétiche ; c'est là aussi qu'on fait les comptes des pièces d'argent obtenues au lieu du versement de l'eau. Ensuite, on repart à la place publique des Karfa appelée Namaatanla où il sera mis fin à cette première cérémonie.

NB : Adama de Lamine Traoré nous a interdit de suivre le reste des actions en entrant avec le panier des poulets dans la maison du fétiche. Ainsi nous n'avons eu aucune autre information.
Le samedi (kàkonlô) 10 février, les étrangers arrivent dans le village. Toute cette nuit, les gens dansent au rythme des différents instruments de musique de funérailles.
Le dimanche (karù) 11 février la famille Nafali fait sa cérémonie de versement d'eau à 5 heures du matin. Le soir du dimanche, a lieu à 17 heures la cérémonie finale appelée Ntaan mahala en senoufo ; cela se passe sur la place du Marché.
Le jeudi 15 février s'est déroulée la cérémonie de clôture définitive des funérailles.

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V - Le développement du village

A -Les infrastructures de développement

1 - Les écoles

Il y a une école primaire à six classes à Mahon implantée à Fakè ou à Pékouguéla. Cette école est fondée par l'initiative de Traoré Daba Martin avec le concours du Père Martin Missionnaire qui, de passage pour le Mali, faisait toujours escale à Mahon. L'école a été donc construite par la mission catholique en 1952. (Information recueillie auprès de Traoré Albert Kalifa, officier de police et élève de la 1ère promotion de l'école de Mahon). Il n'y a pas d'école secondaire dans le village. Les élèves admis pour le secondaire doivent aller à Koloko situé à 10 kilomètres. Il y a un centre d'alphabétisation ouvert en 2006 par le PNGT II ; il n'est pas fonctionnel car il n'a pas été inauguré.

2 - Le dispensaire

Dans le village, il y a un dispensaire et une pharmacie situés à Gnanguéla sur la route de Koloko.

3 - Le marché

Le village a un marché situé à Bougouri. Le marché a lieu tous les 07 jours qui tombent sur le jeudi.

4 - Les forages et puits

Le village a huit forages :
Cinq à Kayignagala,
un à l'école,
un à Gnanguéla
et un au dispensaire.
De tous ces huit forages, seuls trois sont fonctionnels à savoir :
celui de l'école
celui du dispensaire
et un des cinq de Kayignagala
Les autres sont en panne mécanique.
Il y a un puit à grand diamètre fonctionnel à Bougouri réalisé en 2005 par le PNGT II. Le deuxième est en cours de réalisation à l'école.
Il existe d'autres points d'eau où la population s'approvisionne : de petits puits peu profonds creusés de part et d'autre dans les quartiers.

Les marigots du village sont :
- Lousoxo au nord du village. Ses totems sont : le dolo, l'oignon blanc et son eau ne se chauffe pas au feu
- Nèkarou au sud : pas de totem
- Lounyèrè au nord : pas de totem
- koudo kahan au nord-ouest, pas de totem
- pèrléfa au sud-ouest, pas de totem
- Zigban : dans ces lieux on ne tue pas de lézard et les pitons ; il n'est pas autorisé à une même personne d'avoir son champ de part et d'autre du marigot ;
- Souwexé-louho au nord-est,
- Dopré.

B - La vie économique

1 - L'activité économique principale

L'activité économique principale dans le village est l'agriculture. On y cultive le mil, maïs, sorgho, haricot, arachides, igname, patates, poids de terre, poids sucré, fonio, etc. On pratique de plus en plus la culture attelée par rapport à la culture à la main beaucoup plus pénible et moins rentable.
La culture de rentre parallèle au coton est le poids sucré.


2 - L'élevage

Le petit élevage est pratiqué dans le village. On y élève bœufs, moutons, chèvres et volailles.


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